Lune - Olivier de Goursac














En  1977 ou 78, mon institutrice de grande section (qui me faisait un peu peur) tira les rideaux de la salle de classe.

Et, dans l'obscurité, elle projeta des diapositives des photos de la conquête de la lune.

Il est des moments qui changent une vie. Le monde existait. En dehors de moi. Je venais de naitre une seconde fois. Littéralement. Un vertige infini me saisit à l'instant et ne me lâcha plus. Depuis presque 50 ans.

Dans un film mésestimé, Clint nous raconte l'histoire de ces hommes qui auraient dû aller dans l'espace et qui furent remplacés au dernier moment par un singe. De ces hommes qui eurent le sentiment d'être passés à côté de leur vie. Il est donné à ces papys une occasion inespérée de quitter la terre, fusse au prix du danger. De faire face à la Terre, à l'espace, à la vie et à la mort.









Pour la plupart, seule la catabase permet d'affronter le monstre. Nous sommes les autres qui savent qu'une part d'eux-mêmes les attend là-haut. Et si je reste en 7 978 456 321e position pour chevaucher les étoiles, tout comme Clint, je suis de ceux qui lèvent la tête.

Et Olivier de Goursac aussi.

Dans Lune, le spécialiste de l'imagerie spatiale, correspondant de la Nasa en France a consulté toutes les photos du programme Apollo, les a retravaillées au pixel près, les a recombinées en paysages pour nous donner à voir ce qu'une poignée d'hommes a vu là-haut.

L'ouvrage est quasi uniquement composé de ces photos. Spectaculaires, désolées... le langage est soudain pauvre pour décrire l'émotion qui étreint face aux images de l'infini à notre porte. Nous sommes avec eux. Enfin.









Au sein de cette fraternité, Damien Chazelle accompagne le mélancolique Neil Armstrong, habité par le silence buté de Ryan Gosling. C'est la dévastation intérieure d'un homme déjà mort que montre Chazelle. Les astronautes montent dans Saturne V, qui n'a jamais aussi bien portée son nom, comme ils montent à l'échafaud. First man est l'histoire de l'anabase d'Armstrong qui trouve sur la lune une réponse aux abymes de son désespoir. Mélange d'images de synthèse ou de d'origine, peu importe. Un autre film de Chazelle raconte son attachement à l'appel de l'espace : la danse dans les étoiles de l'observatoire de L.A. dans La la Land.





Au sein de cette fraternité, il y a Appolo 11, le film de Todd Douglas Miller, uniquement composé des vidéos d'archives.













Là encore, seuls ceux qui savent comprendront. Armstrong, Chazelle, Olivier de Goursac...

Nous sommes les Space cowboys.

Merci Olivier. Et merci Madame Buatois, où que vous soyez.

Le dossier Lune sur Futura par Olivier de Goursac

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Sobibor - Jean Molla

Petite Poucette - Michel Serres

Le cycle d'Hypérion - Dan Simmons