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Affichage des articles du mai, 2018

Corps pour corps - Jeanne Favret-Saada et Josée Contreras

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En 1981, moins de dix ans après la parution des Mots, la mort, les sorts , Jeanne Favret-Saada publie avec Josée Contreras des extraits de son journal de terrain, Corps pour corps . Les mots, la mort, les sorts décrivait le système analysé par l'anthropologue, la sorcellerie bocaine. Jeanne Favret-Saada expliquait, dans une longue et séminale introduction, l'impossibilité de constituer tout savoir sur la sorcellerie sans tenir une des places du système : annonciateur, ensorcelé, désorceleur ou sorcier. Elle rencontra le couple Babin, exploitants agricoles qui n'eurent de cesse de la mettre à la place de la désorceleuse, persuadés "qu'elle le faisait pour le bien" et qu'elle saurait mettre fin à la série des malheurs qui les touchaient (mariage non consommé, beurrées endémiques, difficulté à baratter etc.). Le trouble dans la communication entre Jeanne Favret-Saada et les Babin, les incompréhensions réciproques et l'asynchronie des postures font

Rosie Pink - Didier Lévy, Lisa Zordan

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Première chronique pour Page des Libraires , que cette revue et les éditions Sarbacane soient ici remerciées ! L'histoire : Rosie est la fille du grand Horace Pink, jardinier reconnu aux multiples roses, superbes, identiques et parfaitement alignées. La détermination paternelle à exclure toutes les mauvaises herbes pousse Rosie à leur offrir une deuxième chance. De rempotage en repiquage, Rosie Pink met en oeuvre tout le savoir-faire hérité pour sauver les plantes mal-aimées et réclame un petit carré de terre pour elles. Et puis, au milieu pousse... une rose ! Rosie tente de la retirer : les roses ont bien assez de place avec son père, ici c'est le lieu des mauvaises herbes ! Serait-ce son père qui l'aurait planté ? Non ! Et Horace est bien surpris de voir que la plus belle des roses du manoir est la seule dont il ne se soit pas occupé... Dès l'ouverture, la finesse du trait et de l'encrage de Lisa Zordan impressionnent (je ne connaissais pas, avec c

Les mots, la mort, les sorts - Jeanne Favret-Saada

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Jeanne Favret-Saada, s'installe dans le bocage mayennais en 1969. Elle va y rester trois ans. Professeur parisienne, l'ethnologue d'origine algérienne avait appris par certains de ses élèves la persistance de phénomènes de sorcellerie dans cette partie de la campagne française. Ce "terrain" ethnologique en vaut bien un autre. L'auteur va chercher des informateurs, comme tout ethnologue. Pourtant ceux-ci ne cessent de se dérober. La sorcellerie, c'était avant, c'est ailleurs, pas très loin, mais en tout cas pas ici. Ici on est civilisé. La sorcellerie c'est l'Autre . Dans tous les sens du terme. Jeanne Favret-Saada se rend compte rapidement de l'impossibilité de tenir la place de la curieuse sur la sorcellerie. Cette place, celle de la science, est en contradiction même avec ce qui se joue de la sorcellerie. Car il s'agit d'abord d'une énonciation, d'un procès, au sens linguistique du terme. En sorcellerie, on