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Affichage des articles du 2020

Castelmaure - Lewis Trondheim & Alfred

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Nouvel envoi dans le cadre de Masse Critique. Que les éditions Delcourt et Babélio soient ici remerciés. Une sensation mitigée à la lecture de cette bande dessinée.  La réalisation est impeccable, l'objet est beau. L'histoire est dense : un roi disparu, une malédiction sur tout un pays, une génération d'enfants conçus la même nuit tous difformes car ils sont porteurs de double identité (siamois, meurtrière hantée par une jumelle non née...) à cela il faut rajouter un mythographe qui parcourt le pays à la recherche des contes et mythes, en espérant secrètement retrouver le roi perdu, un chasseur errant, un roi félon... Les allers-retours temporels densifient la narration sans toutefois toujours l'éclaircir. Ainsi, à la lecture, il me semble que le potentiel de l'histoire n'est pas complètement exploité. Je ne saurais dire pourquoi, un sentiment d'inachevé plane sur cette histoire et ce sentiment est renforcé par le fait que je n'ai pas été sensible au des

Luminary - Luc Brunschwig et Stéphane Perger

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Il y a ceux qui connaissent Taddeus Tenterhook et il y a les autres. Pour les autres qui roderaient parmi nous, Taddeus, c'est d'abord le plus grand guignard que je connaisse. A côté Peter Parker c'est le BG du campus et Rémi le populaire de la bande. Limite, il y a que Hutchi-le-petit-prince-orphelin qui peut lui en remontrer dans le registre de la loose (ça y est, ceux qui connaissent commencent à comprendre). D'abord avec un blase pareil tu peux porter plainte contre tes parents. Ah bah non, tu peux pas, tu es orphelin. Et puis avec ton physique t'as pas d'ami. Oui, parce que non content d'être un cumulard de la poisse Taddeus est en plus  bossu . Et comme il a intériorisé tout ce malheur, il encaisse en silence les railleries et moqueries des étudiants qui le harcèlent. Bref, Taddeus, c'est le king de la loose . C'est le caractère de Caliméro, Peter Parker en vie sociale et les jérémiades de Scott Summers avant d'avoir emballé Jean Grey...  P

En quête d'un grand peut-être : guide de littérature ado - Tom et Nathan Lévêque

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  Nouvelle masse critique avec En quête d'un grand peut-être  de Tom et Nathan Lévêque. Qu'ils soient  ici remerciés, ainsi que Babélio. Et bah les amis, c'est de la bien belle ouvrage que je tiens là entre les mains. Alors on va être clair, une fois de plus je montre mon ignorance des réseaux : je ne connaissais ni Tom, ni Nathan, ni leurs chaines Youtube, ni ce livre qui a fait l'objet d'un financement participatif. Bon. Les frères Lévêque ont réussi un coup en réalisant un ouvrage presque complet et qui, de mémoire, est premier sur le sujet. Il n'est pas sans faire penser Panorama illustré de la Fantasy et du Merveilleux des Moutons électriques (bon là on était dans le beau livre avec boitage, grand format etc.). Ici on est sur le manuel commode sans sacrifier à la qualité de l'objet : format presque carré, rabat, jolie quadrichromie, la maquette est impeccable, le graphisme tout autant, et seules quelques coquilles typo surnagent (péché véniel). Voilà

Lune - Olivier de Goursac

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En  1977 ou 78, mon institutrice de grande section (qui me faisait un peu peur) tira les rideaux de la salle de classe. Et, dans l'obscurité, elle projeta des diapositives des photos de la conquête de la lune. Il est des moments qui changent une vie. Le monde existait. En dehors de moi. Je venais de naitre une seconde fois. Littéralement. Un vertige infini me saisit à l'instant et ne me lâcha plus. Depuis presque 50 ans. Dans un film mésestimé ,  Clint nous raconte l'histoire de ces hommes qui auraient dû aller dans l'espace et qui furent remplacés au dernier moment par un singe. De ces hommes qui eurent le sentiment d'être passés à côté de leur vie. Il est donné à ces papys une occasion inespérée de quitter la terre, fusse au prix du danger. De faire face à la Terre, à l'espace, à la vie et à la mort. Pour la plupart, seule la catabase permet d'affronter le monstre. Nous sommes les autres qui savent qu'une part d'eux-mêmes les attend là-haut. Et si

Univers : explorer le monde astronomique

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Allez, c'est bientôt Noël. Nous vivons des temps troublés et là, moi j'ai envie d'un peu de beauté. Et la beauté, on la trouve en levant la tête. Les éditions Phaidon rééditent  L'univers : explorer le monde astronomique . Alors autant vous le dire, Phaidon ne m'a ni payé, ni envoyé l'exemplaire pour que j'en fasse la promo. Mais ils devraient. J'avais raté l'édition grand format, mais pour quelques centimètres et une vingtaine d'euros de moins, il est possible d'acquérir ce qui est une pure merveille, rien de moins. Plus de 300 pages de reproductions d'images astronomiques mises en regard avec des œuvres d'art, du paléolithique au numérique, qui regardent et pensent l'univers. De brèves notices expliquent la splendeur qui se déploie entre nos mains et sous nos yeux. Quelques doubles pages : Rarement l'expression  Beau livre  aura autant mérité son nom. Ça n'intéresse personne autour de vous ?  Charité bien ordonnée commen

L'altérité : de qui souffrez-vous ? - Jean-Michel Oughourlian

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Dans ce court essai, Jean-Michel Oughourlian nous propose une synthèse de sa conception du travail thérapeutique à l'aune d'un parcours professionnel riche en découvertes. Pour rappel, JM Oughourlian est neuropsychiatre et a collaboré aux publications de René Girard relatives au désir mimétique. La découverte des neurones-miroirs a conforté ses thèses. Pour aller vite, l'auteur expose dans ses différents opus l'idée que le Moi est labile, fluctuant, généré par le désir mimétique. Le Moi passe son temps à se reconstruire en fonction de la circulation de ce désir tout en se dissimulant l'existence de ce dernier et sa propre impermanence, sa liquidité. Ainsi, la personnalité semble n'être qu'un jeu de costumes que la Culture nous pousserai à endosser, au gré des fluctuations des situations, des rencontres et des choix que nous faisons (mince mais ultime liberté, selon l'auteur). Cela n'est pas sans faire penser à L'homme-Dé de Luke Rinehart ou enco

Métropolis - Philip Kerr

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Ouverture du rideau : Berlin, 1928. Bernie Gunther, une nouvelle fois, la dernière. Et pourtant il s'agit de Bernard Gunther d'avant Bernie, Bernie d'avant la Trilogie berlinoise , alors qu'il n'est qu'un flic aux mœurs de Berlin. On se soucie finalement assez peu de la résolution de deux enquêtes où il doit identifier l'assassin de prostituées et de clochards-soldats de la 1re, avant de découvrir rapidement qu'ils ne font qu'un. Dans ce préquel, digne d'un voyage dans le temps, on rend visite à une vieille connaissance, devinant dans chacun de ses gestes, de ses répliques, celui qu'il sera. Philip Kerr dessine le croquis d'un tableau qui reste à faire et dont nous avons déjà exploré chaque détail. La petite musique du dialogue intérieur de Bernie est déjà là, oscillant entre cynisme, désespoir et survie mentale dans un monde au bord de l'effondrement. Les nazis ne sont, à ce stade, que des ombres menaçantes. L'intrigue est assez