Excalibur - John Boorman
Revoir Excalibur de John Boorman.
Un film d'un autre temps. Celui du film et le mien.
Les scènes se succèdent, sans transitions narrative ou temporelle. Hallucinés, les acteurs hurlent leurs répliques, les yeux roulants et hystériques, à la moindre parole, chaque phrase, chaque mot est déclamé et semble condamner ou sauver un monde dans un état de rage permanent. Les rires sont fous.
Les armures brillent comme jamais elles ne brilleront. Les hommes ne les quittent jamais, même pour enfourcher les femmes.
Liam Neeson est un Gauvain déjà reconnaissable, Patrick Stewart est déjà chauve et Guenièvre ressemble à une hippie.
Les effets spéciaux, la lumière, même les éclairs, dignes d'un château des Carpathes de la Hammer, forgent une vision que tous les effets numériques ne pourront jamais espérer avoir.
Un nimbe vert maladif hante toutes les scènes. Les cadavres nous regardent de leurs orbites vides (ou pleines). Les oriflammes claquent au vent, les perspectives sont étourdissantes.
L'anachronique chevauchée de Walkyries accompagne la dernière chevauchée du Roi. Seuls restent Perceval et Arthur face à Mordred, son fils issu de la nuit passée avec sa demi-sœur Morgane. Tromperie, parricide, infanticide et inceste hantent les généalogies. Le Graal n'est qu'esquivé. Le brouillard engloutit le monde et son dernier combat, livrant les hommes à la mort. Le soleil crépusculaire étreint le Roi mourant.
Je ne suis pas né pour vivre une vie d'homme, mais pour être le tissu de la mémoire future.
Le mythe commence.
Si Excalibur est terriblement pompier par moments, il brille surtout d'un éclat farouche et halluciné, porteur d'un mythe séculaire.
Excalibur est un mystère.
Pour prolonger le film
Le morte d'Arthur par Thomas Malory, cette version tardive est la plus diffusée dans le monde anglo-saxon et a servi de base au film. L'Atalante vient d'en faire une très jolie réédition.
Pour d'autres lectures arthuriennes, plein de pistes ici
John Boorman poursuit sa veine mythologique avec La forêt d'émeraude.
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