Le troisième jour, Jérusalem le 6 avril de l'an 30 (série Le Casse) - Guérineau et Meunier


Les casses ont toujours donné matière à histoires, que ce soit au cinéma ou en littérature. Au cinéma, le braquage est un sous-genre en soi où le pire côtoie le meilleur : Mélodie en sous-sol, Ascenseur pour l’échafaud, Mission impossible etc.
Et maintenant en BD. Les éditions Delcourt créent une série de six one-shot, chacun centré autour d'un braquage.
Si je n'ai pas été enthousiasmé, c'est peu de le dire, par les autres ouvrages, Le troisième jour tranche singulièrement dans la série.

L'histoire : Jérusalem, jeudi 6 avril de l'an 30, fin d'après midi. Un homme est mené par le peuple juif pour qu'il soit jugé par le représentant de César, Ponce Pilate. Selon la délégation des juifs, cet homme est coupable d'avoir voulu se faire le fils de Dieu, il doit être condamné à mort et Barabas, criminel emprisonné, doit être relâché. Ponce Pilate, ne trouve aucune raison de le condamner, mais face à la volonté du peuple assemblé, il se déclare "innocent du sang de cet homme". C'est ainsi que l'homme leur est livré...
Dans la foule, une femme est effondrée, la femme de l'homme, Marie-Madeleine. Mais il n'est pas dit qu'elle laissera faire. Avec l'aide de Jacques, le frère de son époux, elle va tenter de le libérer. Elle se vengera de Judas, l'illuminé qui entend des voix, persuadé d'avoir fait ce que Jésus lui demandait ; elle corrompra Longinus le soldat chargé de l'exécution et mettra à exécution un plan sans faille. Sauf que Judas capture Longinus pour se sauver et se libérer de la culpabilité. Et cela met tout le plan de Marie-Madeleine par terre. Il va falloir improviser...

L'idée de raconter les derniers jours de la vie de Jésus en suivant Marie-Madeleine est tout simplement géniale. Jésus est celui dont on parle, le centre de la vie de Marie-Madeleine, mais on ne voit jamais sa figure, il est le complément d'objet de ce livre, jamais le sujet. Meunier et Guérineau créent (?!) un personnage roué, séducteur, opiniâtre et déterminée coûte que coûte à sauver son homme. En ce sens, elle n'est pas sans rappeler la figure d'Antigone.
Formellement, le dessin est assez réussi tant dans la représentation des personnages (Marie-Madeleine en particulier) que dans l'articulation centrale de l'ouvrage dans la représentation du chemin de croix.
La résolution de l'histoire prendra un tour inattendu qui donne un sens tout particulier à l'épisode de la résurrection.
Un album surprenant avec un traitement original d'un sujet rebattu. Une bonne surprise !



à qui l'offrir ?


- à un athée en mal d'arguments ;



Pour prolonger la lecture :

Si vous avez aimé Le troisième jour, vous aimerez peut-être :

 
- Une très belle Antigone, celle de Henri Bauchau. Dans une langue ciselée et poétique, Henri Bauchau fait un portrait puissant et émouvant de la résistance au féminin à l'ordre injuste. Un grand moment de lecture.





- Dieu en personne : Marc-Antoine Mathieu raconte le retour de Dieu sur terre, mais personne ne le croit quand il dit qui il est, jusque ce qu'il soit reconnu et là tout s'emballe... Là aussi la figure de Dieu échappe au regard du lecteur, il n'apparait qu'à travers le prisme déformant du regard d'autrui. D'autres ouvrage de Marc-Antoine Mathieu ici.












- les autres BD de la série Le casse, mais pour ma part je n'ai pas été enthousiasmé par la série, notamment par le graphisme, à l'exception peut-être de Soul man.




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