Flashback - Dan Simmons




Durant les vacances de Noël, je vais au cinéma.
On y trouve les films annuels des frères ennemis Pixar/Disney et Dreamworks. Pour la quatrième fois, Peter Jackson propose son Tolkien movie.

Et puis il y a des comédies françaises. Aller voir une comédie française au cinéma c'est toujours faire un pari. Acter d'abord l'absence de spectaculaire. Ici point d'effet spéciaux, ok c'est le genre. C'est aussi savoir que l'on ne va pas être surpris. On n'est jamais surpris avec une comédie française : les mêmes acteurs, les mêmes petits numéros, les mêmes faiblesses de scenarii, le même rire convenu somme toute.
Aller voir une comédie française, c'est faire un pari, le pari que cela peut valoir le coup, quand même...

Je suis allé voir Stars 80 à Noël.

Le scénario tient sur un ticket de métro. Les stars ne sont ni les acteurs (Anconina et Timsit rejouent honnêtement la même partition de films en films) ni la manière de les filmer. Les stars ce sont les chansons des années 80.
Je n'ai pas de fascination ni de passion pour la variété française des années 80. Pourtant l'art de la ritournelle y est particulièrement élaboré. Depuis des années nous sommes abreuvés des émissions-souvenirs de la génération qui m'a précédé, en clair la génération Yé-Yé. La génération à laquelle j'appartiens a, pour sa part, ajouté la dimension télévisuelle, la chanson avait moins d'importance. Ma génération est celle des dessins animés, celle des Albator, Capitaine Flam, Goldorak et autres Candy. Il ne lui manquait plus que le film générationnel. Stars 80 est ce film, le film de nos musiques. Celles qui ont rythmé notre jeunesse, que nous les ayons aimé ou non. Elles se sont ancrées dans notre mémoire profonde. Comme autant de souvenirs à vivre et à revivre.
Ce ne sont pas les personnages que j'ai vu à l'écran mais ma propre jeunesse. Stars 80 n'est pas un film, c'est une madeleine de Proust.

Stars 80 c'est du flashback.

L'histoire : 2035. Les USA se sont effondrés et ne sont plus qu'une province économique d'un tout puissant Japon. Tout ça c'est la faute au flashback, une drogue qui permet de revivre ses souvenirs, de revivre sa propre vie. De jouir sur des meurtres ou des viols pour les petits caïds des flashback gangs dont veut faire partie Val, de vivre à nouveau avec ses morts comme pour Nick son père, ex-policier à la dérive depuis l'accident de la route qui tué sa femme Dara. Lorsque le conseiller Nakamura demande à Nick de reprendre cinq ans plus tard son enquête sur la mort de son fils, Nick n'y voit que le moyen de se faire payer en flashback, de rejoindre Dara jusqu'à la fin de ses jours. Il n'imagine pas un seul instant que, dans les souvenirs de son enquête, sommeille une piste inconnue, une piste qui remonte jusqu'à Dara...

Comme toujours chez Dan Simmons, l'histoire est fantastique (bon c'est vrai, pas pour Nuit d'été). On sait depuis Hypérion, Illium et Olympos que Simmons est un grand lecteur de Proust, que la question de la place du souvenir dans la vie est centrale dans son œuvre. Et là quel sujet ! L'idée de départ est tout bonnement géniale, mais toutes les bonnes idées sont abandonnées en rase campagne, les personnages sont caricaturaux comme entre les mains d'un apprenti-écrivain. C'est à une catastrophe que nous sommes confrontés. Où est passé Dan Simmons ? Enfin plutôt où est passé son éditeur ? Depuis quand on publie les brouillons non relus ? Parce que c'est ce que nous avons entre les mains.
Pourtant Dan Simmons n'est pas un débutant. Le problème c'est que Dan Simmons est occupé à autre chose. Dan Simmons imagine un futur dystopique, somme toute assez proche du Forteresse de Panchard. Mais il n'a pas le temps de se consacrer à son roman, il est en train de rédiger les bulletins adressés aux militants anti-Obama contre la réélection de ce communiste au couteau entre les dents... Gérard Klein éditeur de l'ouvrage a rédigé une postface finalement non publiée disponible sur le site Quarante-deux. Sa thèse est que, même s'il est fort probable que les idées déployées soit celle de Simmons, celui-ci est assez subtil dans son écriture et que les idées exposées sont également celles des personnages et de leurs fantasmes. Cela fait partie du roman. Peut-être.
Sauf que, à mon sens, cela nuit profondément à la dynamique du récit et que Flashback est profondément raté.

Dommage.

Autour de la préface de Gérard Klein le site Res Futura, ici.
Une critique très pertinente ici.


A qui l'offrir
- je ne suis pas sûr que cela soit vraiment une bonne idée, en fait...

Pour prolonger la lecture
Si vous regrettez le grand roman qu'aurait pu être Flashback vous aimerez peut-être :



- Le grand roman de Dan Simmons, Hypérion.











 - Forteresse de Georges Panchard, déjà chroniqué ici.




- Soleil Levant, film avec Wesley Snipes et Sean Connery où les USA sont déjà soumis aux grands groupes nippons.


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