Le remplaçant - Agnès Desarthe





Qui n'a pas rencontré Agnès Desarthe ne sait pas ce qu'est la séduction de l'oratrice.

Il y a quelques mois, dans la librairie que je fréquente, Agnès Desarthe est venue répondre à nos questions, parler de ses livres, boire un coup et nous parler d'elle.
Et nous nous sommes retrouvés baba (enfin moi) devant quelqu'un capable de faire se retourner les réverbères sur son passage.
Drôle, mutine, captivante, se mettant en scène sans ostentation, Agnès Desarthe est littéralement fascinante à l'image de ces raconteurs d'histoires qui introduisent son court roman Le remplaçant.
Reposant sur l'idée géniale d'un éditeur (non crédité au générique) qui est de répondre à la question "qui est votre héros intime ?" Le remplaçant nous embarque dans la vie rêvée et profondément réelle de son grand-père.
Mais ce n'est pas de lui dont elle voulait parler à l'origine, c'est de Janusz Korczak, le directeur de l'orphelinat de Varsovie mort dans les camps avec les enfants dont il avait la responsabilité. Agnès Desarthe remonte ainsi le fil d'une généalogie réelle, fantasmée, et ô combien forte, d'une histoire, son histoire, celle de sa famille, dans un texte sensible, émouvant sans pathos, faisant le portrait d'hommes communs et hors du commun.
Ce ouvrage a la beauté de l'évidence, le bon goût de l'humour et la profondeur de la vérité, celle intime des êtres, celle où se noue l'amour entre les générations et entre les hommes, celle du courage, au quotidien et face à l'horreur, d'être... un remplaçant.

A la fin on découvre alors comment une assiette prend une valeur infinie.

À qui l'offrir ?


- aux ados et à leurs parents ;
- à tous les autres.

Pour prolonger la lecture :

Si vous avez aimé Le remplaçant, vous aimerez peut-être :
- Les autres ouvrages d'Agnès Desarthe. J'avais déjà lu d'elle, Je ne t'aime pas Paulus, Je manque d'assurance et La plus belle fille du monde, à l'Ecole des Loisirs. Agnès Desarthe a, en plus de tout le reste, une connexion particulière avec le monde de l'enfance : outre une indéniable proximité, elle sait retranscrire l'écho intérieur des enfances, sans mièvrerie aucune. C'est vrai, c'est tragique et c'est drôle. Bref c'est la vie.



- Dans un tout autre registre, je ne peux m'empêcher de penser à la conclusion de L'usage des armes présenté ici, dans la manière de regarder un objet qui devient, le centre du monde.

- Enfin, le site personnel d'Agnès Desarthe ici.

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