Le cycle d'Hypérion - Dan Simmons




L'histoire : les Extros, cette branche de l'humanité qui a décidé de muter et qui est en guerre contre le reste du monde, attaque Hypérion. En même temps, les Tombeaux du Temps, ces artefacts d'une civilisation inconnue qui semblent reculer dans le temps, sont sur le point de s'ouvrir sur Hypérion. Alors, le Gritche, ce monstre incontrôlable bardé d'épines, se répandra partout dans le Retz, puis dévastera toute la population. Pendant que les croiseurs de la Force se rendent en direction d'Hypérion pour combattre les Extros et évacuer la population, Meina Gladstone, la présidente du Retz, mandate sept pèlerins pour se rendre sur Hypérion et effectuer le pèlerinage que réclame l'église gritchèque. Un seul en sortira vivant et verra son vœu exaucé, les autres subiront l'arbre de douleur qui accompagne le Gritche. Mais pourquoi ces sept pèlerins ? Qu'ont-ils en commun, eux qui ne se connaissent pas ? Alors qu'ils font face à une mort quasi certaine, ils décident de raconter chacun leur histoire. Car chacun d'eux a déjà été confronté à Hypérion et semble détenir une pièce d'un puzzle... diabolique.
Comment résumer les histoires enchâssées de différents pèlerins ? L'histoire du jeune père Lénar Hoyt, curé d'un catholicisme moribond parti à la recherche d'un autre prêtre, Paul Duré, exilé sur Hypérion, digne évêché de Partenia. Il le retrouva, ainsi que ses carnets... dans lesquels se nichent une découverte stupéfiante et les terribles derniers jours du père Duré.
L'histoire de Ferdhman Kassad, figure mythique du guerrier ultime en quête de son amour impossible rencontré dans l'espace virtuel des simulations de guerre.
L'histoire de Martin Silénius, le poète qui avait perdu le langage et dû le reconquérir mot à mot. Sur Hypérion, il rencontra une muse hors du commun.
L'histoire de Sol Weintraub, le juif errant quêtant une introuvable guérison pour sa fille qui rajeunit et perd ses souvenirs, lambeaux par lambeaux, après avoir été exposée au Tombeaux du temps.
L'histoire de Lamia Brawn, détective privée embauchée par le cybride de John Keats, le poète, auteur au XIX siècle de poèmes consacrés à Hypérion, le mythe... Or le cybride, IA enchâssée dans un corps, est pourchassé, on cherche à le tuer. Qui peut donc vouloir tuer un cybride de poète de l'ancienne terre ?
Et Het Masteen, pilote de l'Yggdrasil, vaisseau-arbre qui convoie les pèlerins, et le Consul, chargé par Meina Gladstone de découvrir qui est le traitre parmi les pèlerins ? Et quels sont les objectifs du Technocentre, qui représente les IA autonomes ? Et pourquoi Hypérion est-elle une des neufs planètes labyrinthiques ? Et pourquoi les Extros s'attaquent-ils à Hypérion ?


Rédiger ce résumé est une tache impossible.

Comment résumer sans réduire, donner envie sans dévoiler, expliciter sans déflorer ce qui reste à mon sens le plus grand roman de science-fiction écrit à ce jour ?
Le cycle d'Hypérion est composé de deux diptyques : Hypérion et La chute d'Hypérion (eux-mêmes coupés en deux pour l'édition de poche, soit quatre poches) d'une part, suivi par Endymion et L'éveil d'Endymion (eux aussi coupés en deux).
Le premier diptyque est une histoire unique, le second raconte la suite plusieurs centaines d'années plus tard (on reverra cependant des personnages du premier cycle, si, si).

Hypérion est d'abord un livre-univers. Dan Simmons ne se borne pas à créer une histoire complexe, il crée un monde, un univers cohérent dans lequel chaque indice trouve son sens et sa résolution à un moment ou un autre de l'ouvrage. Livre-monstre, Hypérion est une somme. Pour le lecteur averti, les références sont multiples, on sent que Dan Simmons veut rédiger un livre définitif dans le genre. Il veut être le Stanley Kubrick de la littérature. Chaque histoire a un style narratif différent, une voix propre à chaque locuteur. Chaque histoire fait référence à des grands auteurs de SF et à leurs textes, chaque histoire propose une parabole sur notre monde qui ancre l’œuvre dans notre temps (condition des palestiniens, impérialisme américain, globalisation culturelle et disparition des cultures autochtones, humanité et Alzheimer etc.) Hypérion n'est jamais une œuvre gratuite. C'est d'abord et avant tout un texte époustouflant, émouvant, épique, follement ambitieux.
Si, pour le non-lecteur de SF, l'abord d'une telle œuvre peut être compliqué, tenez bon, dépassez les 30 premières pages (jusqu'à l'histoire de Paul Duré), et pour peu que vous acceptiez l'effort de suspendre votre incrédulité, que vous preniez acte de ce que vous ne comprenez pas au début (vous comprendrez tout par la suite, progressivement), alors je vous promets une plongée absolument hors du commun, une expérience de lecture inoubliable.
Pour ma part, certains de ses personnages m'ont hanté longtemps.
Si vous ne devez lire qu'une seule œuvre de SF pour vous forger votre opinion sur le genre alors c'est celle-là.



À qui l'offrir ?

- aux lecteurs exigeants de mainstream, qui veulent des textes ambitieux pour faire disparaitre l'idée que SF=mauvaise littérature.
- à ceux qui aiment s'enfermer en lecture comme dans une bulle.
- les fans absolus s'offriront le beau coffret de chez Ailleurs et demain qui contient en outre deux nouvelles difficilement trouvables, Les Orphelins de l'hélice et La mort du Centaure, ces deux œuvres étant chères à mon cœur car elle furent l'objet d'une réalisation de livre à la main lors de ma reprise d'études (image à venir).


Pour prolonger la lecture :

Si vous avez aimé le cycle de d'Hypérion, vous aimerez peut-être :
- la suite, Endymion, souvent mésestimée, or malgré quelques longueurs ce cycle mérite d'être réévalué ;
- les autres ouvrages Dan Simmons : tout n'est pas bon. Nuit d'été est un sacré navet selon moi et je cale sur Ilium, mais son premier ouvrage, L'échiquier du mal, comme thriller horrifique est assez lisible. Les fils des ténèbres qui s'attaque au vampirisme se lit facilement. Je n'ai pas lu ses dernières œuvres, Terreur et Drood.





- enfin le contrat de lecture proposé n'est pas sans faire penser au projet tolkieinien d’œuvre totale, de livre-monde. Je ne suis pas fan du Seigneur des anneaux, mais on peut reconnaitre une ambition similaire (même si je vois trop les imperfections du livre de Tolkien que je trouve surestimé littérairement parlant).

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