L'art de l'univers - John D Barrow

Rarement ai-je mis autant de temps à achever la lecture d'un essai...


John Barrow tente de nous convaincre des connexions intimes entre la structure de l'univers et nos représentations de l'art. La gageure est immense.
Et l'auteur n'y réussit que partiellement à trop tenter de courir deux lièvres à la fois. Il tente de nous expliquer comment le monde est monde, qu'il est comme il ne peut qu'être tout au long de développements en biologie, géologie, climatologie, planétologie, cosmologie. C'est la partie la plus ambitieuse et, en même temps, la plus faible de l'ouvrage : le texte est daté de 1995, remis à jour en 2005. Il a donc plus de 12 ans ! On peut s'étonner d'une publication aussi tardive par Actes Sud. Sans être assez spécialiste, il semble que certains développements sont déjà un peu datés dans des domaines où la Recherche avance à pas de géants.
Reprenant le principe anthropique et l'évolutionnisme qui feront le succès du Sapiens de Yuval Noah Harari (dont L'art de l'univers est l'incontestable précurseur) JD Barrow montre comment l'univers et nos environnements se développent et comment ils ne peuvent qu'être et donc dans quels cadres contraints se développent les champs de perception des êtres vivants sensibles que nous sommes.
Et, en même temps, l'auteur se lance dans une histoire des arts qu'il tente d'articuler aux développements qui précèdent.
Malheureusement, qui trop embrasse mal étreint. Barrow est certes un grand esprit encyclopédique mais nul ne peut être à la fois cosmologue, mathématicien, historien des arts (et non de l'art) sans faire de raccourcis qui parfois surprennent. Car les deux fils narratifs (développementalisme et histoire des arts) sont traités en parallèle et leur articulation n'a rien d'évident. Sauf à considérer l'art (dont on reste bien en peine de trouver une tentative d'essai de définition, ou, à tout le moins, de le circonscrire) et l'humain comme "un signal + un récepteur" ce qui est une conception ultra-minimaliste de l'Art, on en conviendra. Les choix artistiques de l'espèce humaine sont ainsi simplement "bornés" (et encore...) mais leur articulations réciproques restent désespérément floues. On cherche véritablement les causalités réciproques que l'auteur espère faire émerger en détaillant les deux processus, en vain.

Et puis Barrow part un peu dans tous les sens dans certains sujets, perdant régulièrement son sujet de vue. L'auteur semble ainsi "en roue libre".
Enfin, la traduction laisse traîner de nombreux anglicismes qui n'aident pas à la compréhension.

L'art de l'univers est ainsi un ouvrage follement ambitieux qui n'atteint que partiellement son objectif. Un livre un peu raté mais qui nous laisse imaginer ce qu'il aurait pu être.

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