Confiteor - Jaume Cabré




Rares sont les occasions de rencontrer de véritables chefs-d’œuvre.
Sachez, ami lecteur, que je vous envie, vous qui ne saviez pas encore que Confiteor existe.

C'est l'histoire d'Adria, jeune garçon solitaire dans l'Espagne des années cinquante. C'est l'histoire de ses parents, de son violon, des anciens propriétaires du violon, du luthier qui le conçoit quelques siècles plus tôt, d'un trafic d’œuvres d'art, d'une maure trop belle, d'un inquisiteur et de son âme damnée, d'un chasseur de nazis, et d'un médecin barbare d'Auschwitz... C'est l'histoire d'un amour fou et perdu, de deux amis qui s'aiment et se jalousent, c'est l'histoire d'un fils et de son père qui ne se comprendront que par langues étrangères interposées. C'est l'histoire de ce que l'on cherche éperdument alors qu'on est en train de le perdre. D'un amour magnifique et misérable. C'est l'histoire de nos vies de rien, de nos vies rêvées.
C'est tout cela, c'est plus que cela. Jaume Cabré donne à voir l'unité du monde, nous montre qu'il ne fait qu'un, il nous montre son mystère et sa magie est le verbe. Jaume Cabré tisse un motif infini par une technique aussi originale que radicale. Il ne nous montre pas les fils narratifs, ce qui alourdirait la narration avec plus de cinquante de personnages. Non, il entrecroise ces fils, un à un, à l'intérieur de chacune des phrases de son histoire. Les personnages, les motifs, les figures se répondent à travers siècles et décennies. Ils basculent de l'un à l'autre pour mieux étreindre le lecteur.

Confiteor est une lecture dont on ne sort pas indemne, après avoir vu le mal et la douleur infinie. D'intenses et rares moments de grâce portent notre humanité face à l'amnésie et l'engloutissement de la mort.
Confiteor hante jusqu'à la dernière page. Et longtemps après.

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