Le voyage de nos gènes - Johannes Kraus, Thomas Trappe

Nouvel article pour une nouvelle masse critique, que Babélio et les éditions Odile Jacob soient ici remerciés.
Le voyage de nos gènes raconte l'histoire des groupes humains et de leurs migrations par les traces qu'elles laissent dans notre génome.

Dans un ouvrage écrit à 4 mains, Johannes Kraus tient le rôle du scientifique et Thomas Trappe celui du journaliste. Pour autant la répartition des articles ne se sent pas dans le style mais plutôt dans l'équilibre de l'ouvrage lui-même.

Dans la première partie Johannes Kraus raconte brièvement son parcours à l'Institut Max Planck en Allemagne, notamment auprès de Svante Pääbo qui, le premier, avait extrait puis déchiffré l'ADN de l'homme de Neandertal. En une dizaine d'années l'archéogénétique était née. 
Dans un premier chapitre un peu trop court et pas assez explicatif à mon goût, l'auteur raconte comment les gènes humains conservent les traces des migrations et déplacements des groupes humains et comment cette nouvelle technique permet de les distinguer entre eux. Et si j'ai un peu regretté de ne pas avoir vraiment compris comment l'ADN accumulait des marqueurs permettant de reconstituer les filiations (ou ses absences) entre les différents groupes humains, j'ai trouvé la reconstitution de la succession des groupes humains venant, qui d'Anatolie, qui d'Afrique ou encore d'Asie centrale assez fascinante. Elle permet de battre en brèche toute perception de linéarité entre les groupes humains, au moins entre les plus anciens. On distingue des circulations, des rencontres et des métissages, des allers et retours. L'histoire des groupes humains est moins simple qu'il n'y parait et le chercheur nous montre le début d'une nouvelle quête. Pour aider le lecteur à s'y retrouver des cartes inaugurent chaque chapitre et on peut seulement regretter l'absence de couleurs qui en réduit la clarté pédagogique.
Dans une deuxième partie l'(autre) auteur nous raconte l'étude de l'ADN d'autres êtres qui nous sont intimement liés, les virus, et en particulier celui de la peste. Malgré un parallèle assez peu pertinent entre ceux-ci et l'humanité au début du livre, ajoutée à la sensation de déséquilibre entre les deux parties, l'étude de la peste reste cependant judicieuse en ce qu'elle permet de suivre l'évolution des populations eurasiatiques dans la période historique.

Ainsi, malgré quelques défauts relevés ici ou là, et notamment un germanocentrisme assez agaçant et comparable aux ouvrages anglo-saxons (on repense à Le commencement de l'infini de David Deutsch ou encore à L'Art de l'univers de John D. Barrow), l'ouvrage se laisse lire sans déplaisir et permet d'éclaircir les premiers temps de nos humanités.

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