Pupille - Jeanne Herry [Critique]

Il est des films qui sont des petits miracles.
Pas des chefs-d’œuvres, non, juste des moments d'une profonde humanité, des moments de grâce.


Pupille, c'est l'histoire toute simple de l'adoption de Théo. De ces trois mois qui courent de sa naissance et l'abandon par accouchement sous X puis l'adoption par une maman incarnée par Elodie Bouchez. Jeanne Herry filme son sujet comme un documentaire et montre tous les fils qui tissent une nouvelle maternité, à construire. Elle donne à voir tous les personnages et toutes les énergies qui s'activent pour que, dans ce temps très court, ce bébé puisse trouver de nouveaux parents. Pupille n'est pas sans faire penser à Réparer les vivants. Je n'ai vu ni le film, ni lu le livre de Maylis de Kerangal, mais vu le seul en scène d'Emmanuel Noblet. Et là aussi, chaque moment de ce processus est une histoire et une conjonction d'histoires d'une incroyable intensité narrative et émotive.
La rencontre entre cette mère qui s'en va et la recueillante (mention spéciale à Clotilde Mollet) est d'une justesse infinie. Tous les mots sont pesés et pensés pour accompagner sans juger cette femme durant les quelques heures qui suivent l'accouchement. 
Gilles Lellouche joue toujours le même type sympa, un peu braque et sanguin. En assistant familial, il apporte une touche masculine, solide et tendre, dans un film très féminin.



Mais s'il faut une raison, une seule, d'aller voir le film, c'est Elodie Bouchez.

Comment ai-je pu passer à côté d'une telle actrice ?
Elle avait déjà attiré mon regard dans Fleuve Noir. La densité et l'émotion offertes ici par l'actrice à cette femme fragile et forte dans son désir d'enfant est proprement bouleversant.
On attend avec elle, on pleure avec elle, on est heureux avec elle.
Dans un film qui met constamment le cœur au bord des lèvres, sans pathos ni mélo, Jeanne Herry conte une fabuleuse odyssée humaine, celle de la naissance fragile d'un enfant et d'une mère.
Par delà cette histoire individuelle, elle nous raconte un lien universel et touche au cœur de chacun (là où échouait l'Éternité de Tran An Ung

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Sobibor - Jean Molla

Petite Poucette - Michel Serres

Le cycle d'Hypérion - Dan Simmons