Présumé coupable - Isabelle Guso





Lorsque Présumé coupable est paru il y a deux ans, la petite blogosphère que je lis (en bas à droite de l'écran) s'est enthousiasmée pour cette novella d'Isabelle Guso, ici par exemple. Et moi aussi (pour faire bonne mesure, une critique négative ).

Et je retarde ce billet depuis des mois. Il traine dans mes brouillons et me nargue tant je l'évite. Ce n'est pas son objet, délicat (la pédophilie), qui me pose problème, j'en ai déjà parlé . C'est que, pour la première fois depuis le début de ce blog je crains, par mon propos, de réduire, d'enfermer ce texte dans son sujet et d'en trahir la puissance.
Tiens, combien d'entre vous sont déjà partis depuis que le mot "pédophilie" est écrit, combien se sont immédiatement dit, subrepticement ou impérativement "oh ! j'ai pas envie de le lire si ça parle de ça".

Et pourtant.

Les livres qui happent et embarquent le lecteur sans le lâcher ne sont pas si rares. Présumé coupable en fait partie.
Les livres qui transforment le lecteur, qui lui ont font envisager la réalité sous un angle subtilement différent le sont beaucoup plus. Présumé coupable en est un.
Les livres qui rendent un peu plus intelligent, qui provoquent la réflexion au sens littéral du terme, sans violer le lecteur, sans argumentaire spécieux ou véhément, sans malhonnêteté intellectuelle, qui font entendre une nouvelle petite musique des idées, qui ouvrent des horizons à nos clôtures mentales, qui secouent nos pensées pré-mâchées, qui réveillent nos engourdissements psychiques quotidiens, eux, se comptent sur les doigts de peu de mains. Présumé coupable est du nombre.

Alors non, je ne vous dirai pas de quoi cela parle, pas plus que je n'en ai déjà dit. Non, je ne dirai pas non plus comment Présumé coupable traite de son sujet. Mais je vous dirai qu'on le lit dans la même fièvre que celle qui a saisi Isabelle Guso pour l'écrire, qu'on s'esbaudit de la subtile et obscure évidence qui porte ce texte et qu'on en sort rincé, tout étonné d'être encore là, le même, et déjà autre.

Merci Isabelle de m'avoir dessillé les yeux, de m'avoir aidé à réfléchir.

Le blog de l'auteur est ici.
Une interview d'Isabelle Guso en quatre parties sur le site de A.C. de Haenne.


 À qui l'offrir ?


-  à votre voisin de table, vous savez, celui qui a un avis tranché sur tout ;
-  à soi-même, pour réfléchir, enfin.

Pour prolonger la lecture :




 - La route. A priori, rien à voir entre le texte très actuel et engagé d'Isabelle Guso et le post-apo intemporel de McCarthy. Ni le style, ni le propos. Mais il y a chez eux cette même envie d'aller chercher l'humain dans les abîmes insondables de la noirceur du monde. Et chez moi le même type de réception.
Si Présumé coupable m'a fait vaciller sur le registre l'intellect, La route m'a, en revanche, littéralement bouleversé sur celui des émotions.
Peut-être éviter de lire les deux à suivre...



- La vieille anglaise et le continent de Jeanne-A. Debats. J'ai déjà parlé de l'auteur ici. Il s'agit là de soutenir l'éditeur d'Isabelle Guso et de Jeanne A. Debats pour son travail éditorial de qualité (choix et établissements des textes, qualité des illustrations et marque-pages toujours présents). La vieille anglaise et le continent a été multiprimé (à juste titre) et méritera une chronique à part entière. En attendant allez donc voir le catalogue de Griffe d'encre.
Le blog de Griffe d'encre l'éditeur, et son site.

Commentaires

  1. Très belle chronique! Même si le livre semble diviser, tu donnes envie d'y jeter un œil!

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  2. Merci de ta visite ! N'hésites pas à venir donner ton ton avis si tu te lances dans la lecture !

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